Ces savants musulmans qui ont changé la face du monde

Nevine Ahmed Dimanche 14 Avril 2019-16:39:57 Dossier
Ces savants musulmans qui ont changé la face du monde
Ces savants musulmans qui ont changé la face du monde

En parlant des musulmans, ça ne devrait pas forcément être toujours un discours ayant trait aux appels à la modération et aux principes de la tolérance ou de la paix, comme on en a eu l’habitude au cours de la dernière période.

Evoquer les musulmans différemment a été l’objectif du ministre de l’Enseignement, en faisant introduire un nouveau livre dans le cursus élémentaire qui parle notamment des plus importantes inventions scientifiques faites par les savants musulmans.

Des mathématiques à la philosophie, en passant par la médecine ou encore la sociologie, l’histoire du monde musulman regorge de grands savants et autres penseurs qui ont révolutionné leurs disciplines, et le cours de l’humanité. L’Islam ne s’oppose pas à la science. C’est une religion qui repose principalement à la pensée, la méditation, la recherche et surtout à la soumission à la volonté divine.

Ce dossier est donc une sorte de rappel des contributions scientifiques des savants et penseurs musulmans. Il est vrai que ces découvertes et inventions datent d’époques lointaines, mais elles demeurent à l’origine de certaines innovations utilisées jusqu’aujourd’hui. Si les musulmans d’aujourd’hui sont, injustement, mis tous dans le même panier, accolés à la barbarie terroriste, source d’inquiétude et d’insécurité, les lignes suivantes leur rappellent la gloire et l’ingéniosité de leurs aïeux, et ouvrent les yeux aux détracteurs de l’islam.

Voici le portrait d’une constellation de premiers savants musulmans.

 

 

Abbas Ibn Firnas, l’homme volant

 

Si la littérature scientifique attribue à Leonardo De Vinci la paternité du planeur et de l’hélice, on oublie qu’il s’est inspiré des travaux d’Abbas Qasim Ibn Firnas. Celui-ci, qui est né en 810 dans la province de Malaga, en terre musulmane, a été le premier à entreprendre le projet fou de voler dans les airs tel un oiseau. Vêtu d’un manteau orné de plumes, il s’élança du haut d’un minaret espérant planer…sans grand succès. Mais rien ne l’effraie. En 880 et à 70 ans, il tente à nouveau l’expérience, en utilisant des ailes confectionnées avec du bois et recouvertes de plumes. Une fois outillé, il se lance du haut d’une tour, parvient à planer quelque peu, et finit par s’écraser. Résultat des courses : deux côtes cassées, mais une expérience prometteuse. C’est comme cela que le premier planeur dans l’histoire de l’humanité a été créé, ancêtre des Boeings et autres appareils à hélices qui nous permettent de voyager dans les airs aujourd’hui.

 

Al-Khawarizmi, père de l’algèbre

 

Originaire d’Ouzbékistan, son nom a donné naissance au mot "algorithme". Celui que ses contemporains appelaient le père de l'algèbre, en référence à son ouvrage « Kitab Al jabr w'al mouqabala », est célèbre pour son apport colossal aux mathématiques. On lui attribue notamment la transposition qui a causé bien des cauchemars aux petits écoliers soucieux de venir à bout de leurs équations. Il fût aussi astronome et s’est même essayé à l’astrologie à ses heures perdues. Essais peu fructueux, car dix jours après avoir promis une longue vie au Calife, celui-ci décède, faisant tomber à l’eau sa carrière de medium.

 

Al-Razi, docteur Mamour

 

Contrairement à ce qui est admis, la médecine expérimentale est née en terre d’Islam et non à l’époque de la Renaissance, soit sept siècles plus tôt. Al-Razi, reconnu pour ses talents scientifiques et la rigueur de ses observations, a été l’un des pionniers de la médecine expérimentale. Contrairement aux pratiques alors utilisées qui négligeaient la médecine préventive, Al-Razi a préféré s’appuyer sur l’analyse des symptômes et a accordé une importance sans précédent à l’entourage du malade et à la psychologie de ce dernier dans le processus de sa guérison. Réputé pour sa gentillesse et son grand humanisme, ce "docteur Mamour" des temps anciens a compris bien avant d’autres qu’un moral au beau fixe est une bataille à moitié gagnée contre la maladie.

 

Ibn Khaldoun, celui qui a inspiré Auguste Comte

 

Lorsqu’on parle de sociologie, on a tendance à citer Durkheim, Tocqueville ou encore Auguste Compte. Ceci dit, le réel initiateur de cette discipline n’est autre qu’Ibn Khaldoun. Né en 1332, ce natif de Tunis est considéré comme le précurseur de la sociologie moderne. Bien qu’issu d’une grande famille de notables, Ibn Khaldoun n'eut pas la vie rose tous les jours. Au milieu du 14ème siècle, alors qu’il n’avait que 15 ans, ses parents meurent suite à une épidémie de peste noire qui frappe la région de Tunis. Après ce triste épisode, Ibn Khaldoun quitte Tunis pour Fès pour rejoindre le Conseil des Savants en 1354. Dans la foulée, il commence à écrire son œuvre magistrale "Al Muqaddima" où il s’inspire de sa propre expérience pour tenter de déterminer les causes de la montée et du déclin des dynasties arabes.

 

Jabir Ibn Hayyan, l’alchimiste

 

Né en 721, celui qu’on appelle Geber en Occident, a fait passer la chimie d’un art occulte à une discipline scientifique. Traduit en latin, ses traités étaient pendant longtemps la référence pour les alchimistes européens. Il a devancé les préceptes de la chimie moderne d’à peu près dix siècles : le chimiste français Joseph Louis Proust et ses lois des proportions en sont l’exemple le plus notoire. On lui attribue par ailleurs l’invention de plusieurs outils de laboratoires utilisés jusqu’à aujourd’hui tels que l’alambic qui permet de faire des distillations.

 

Ibn Al- Haytham, père de l’optique

 

Ibn al-Haytham est l'un des plus grands savants en optique, mathématiques, sciences naturelles, médecine et philosophie, ayant grandement contribué à leur développement. Dénommé par les Occidentaux du nom « d’Alhazen », il est Abu Ali al-Hassan Ibn al-Hassan Ibn al-Haytham, né à Bassora où il fit ses études. Les historiens occidentaux sont unanimes quant à l’importance d'Ibn al-Haytham dans le développement de l'optique. Dans son ouvrage « Héritage de l’Islam », Arnold écrit, à cet égard : « L’optique a atteint son apogée avec l'apparition d'Ibn al-Haytham », alors que Sarton dit, pour sa part : « Ibn al-Haytham est le plus grand savant que l'Islam a connu dans les sciences naturelles, voire le plus grand savant en sciences naturelles du Moyen Age, et parmi les rares savants célèbres en optique de tous les temps, sans compter qu'il était aussi savant astronome, mathématicien et médecin ».L'Encyclopedia Britannica le qualifie de pionnier des sciences optiques après Ptolémée.

Ibn al-Haytham est le premier à avoir énoncé que la lentille convexe agrandit les objets. Il est aussi le premier à définir la composition de l'œil, à illustrer ses constituants et à leur donner les noms que les Occidentaux ont traduits dans leurs langues respectives, des noms qui sont encore en usage de nos jours, tels que Retina, Cornea, Humour Vitreous et Humour Aqueous. Il a laissé, en outre, des thèses sur l'agrandissement des lentilles qui ont permis la mise au point des lentilles de correction des yeux.

Ses recherches ont abouti à la conclusion que la vision procède de la projection vers l'œil des rayons d'un corps qui traversent l'œil. L'image se dessine alors sur la rétine qui la transmet au cerveau à travers le nerf optique où se forme alors la vision du corps concerné.

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